23.9.11

Les écrits de Georges Coppel

Dimanche 9 Octobre 2011, de 16 heures à 19 heures,

Signature de textes de Georges Coppel
Tableaux de COLETTE DEBLÉ et de DENISE LIOTÉ


​Depuis une trentaine d’années, les artistes, le public et les institutions françaises n’ont plus aimé la peinture. Ils ont préféré les assemblages, les interventions, et d’autres essais qu’ils ont trouvés moins conventionnels. Ils ont pensé que la nouveauté valait plus que la réflexion. Si quelqu’une de ces modes convient aux structures de l’esprit, elle suscitera de nouvelles recherches et peut-être des chefs d’œuvres. Sinon, elles n’auront été que des épisodes du marché de l’art.
​On le constate déjà pour certaines d’entre elles, alors que, nous le vérifions ici et maintenant (dans la galerie d’Olivier Nouvellet), les artistes n’ont pas épuisé toute la richesse d’émotion qui peut s’exprimer par le pinceau et le crayon.
​L’histoire nous prouve que ces moyens coutumiers conviennent très bien à la sensibilité de nos yeux et de nos cerveaux : l’espèce humaine prenait à peine forme que des artistes peignaient déjà.
​Ils ont montré la vie. La souffrance de la chair, en représentant des aurochs qui luttent encore quand leurs entrailles tombent de leurs ventres ouverts (Lascaux, -17 000 ans). La victoire des héros. La rivalité des mâles (rhinocéros à Chauvet, -35 000 ans). La vanité des hommes (je crois que ces grottes ont été peintes par des femmes pendant que Monsieur chassait). Elles ont aussi inventé des peintures sans image (alignements de points, de barres, de formes géométriques...) qui étaient sans doute des recherches sur les secrets de la vie intérieure.
​Je suis certain qu’elles ont aussi fait beaucoup de peintures sur des supports qui n’ont pas été aussi durables que les parois des grottes. Tant que leurs œuvres se sont conservées, elles ont alimenté les créations des artistes des générations suivantes. Chacun doit une partie de sa méditation aux idées du passé. Parfois pour les compléter, parfois pour les contester.
​Cette suite de créations se scinde en deux tendances de l’esprit humain. D’une part une curiosité pour ce qui s’offre au regard : les objets et les êtres. D’autre part, les indices qui permettent de pressentir le sens secret de la vie. Il y a donc deux familles d’œuvres d’art : ici les formes et les couleurs ; là l’évocation du mystère.

​Elles se marquent dans les œuvres les plus anciennes : ici les acrobates de la grotte d’Addaura (Italie, - 12 000 ans) ; là les roches gravées du dolmen de l’île de Gavrinis (- 8 000 ans, Golfe du Morbihan).
​ Ici, Rubens, là Chardin. Ici Sam Francis, là Agnès Martin.

​Ici Colette Deblé, là Denise Lioté.
​Aujourd’hui sur les cimaises d’Olivier Nouvellet, on peut comparer ces deux artistes.

​J’ai une grande envie de faire leur éloge.
​Je ne le ferai pas, car je serai vite contraint d’écrire que Colette Deblé cherche dans les arcanes de son esprit des formes, des couleurs ; et que Denise Lioté trouve dans la matérialité de sa palette les irisations de ses lumières. Cela contredirait ce que j’avais affirmé dans la première partie de ce texte.
​En vérité, comme l’avait découvert un grand sage chinois (dont j’ai oublié le nom) : « tout est dans tout (et réciproquement) ».

Georges Coppel

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