18.1.10

Jeremy Chabaud : vernissage demain soir


Souvenirs de crâne(s)…

Des paysages ? Des corps ? Des crânes ? Pourquoi s’abstraire par ces signes et ces couleurs, si ce n’est, d’un pas de côté, appréhender, un instant, autrement l’existence. Personne ne peut éviter la confrontation essentielle avec la mort. Savoirs, richesses matérielles ou spirituelles, plaisirs et pouvoirs, butent contre terre, feu, eau et air, ces forces qui nous ramènent inexorablement vers l’atome.

Entre la certitude de cette réduction ultime et les mystères du devenir, quelques dessins tentent de décanter une existence parcourant le minéral, le végétal, l’animal, chair et désir. La mort est indissociable de la vie. Autant l’apprivoiser, lui accorder une place, apprendre à la regarder en face. Méditation qui ne peut que rendre plus précieux et intense encore, le foisonnement du vivant. Donner grâce à la mort, lui allouer un corps, une mémoire et des symboles, comme source d’énergie pour une renaissance. Reconnaitre la nécessité des métamorphoses, du vivre et de la capacité de se réaliser urgemment. Le mortifère refoulé angoisse, soumet, accumule et accable. La mort apprivoisée libère. Réintégrer la mort à la vie, c’est la régénérer, en permettant les transmissions, la liberté, l’égalité et la fraternité. Elle refonde les mutations et les transmutations, se fait outil de libération et de séparation. Maintenue cachée ou trop effrayante, la mort manipulée administre la médiocrité, l’hypocrisie et le joug des orgueilleux et des petits pouvoirs où se rassurent certains.

Comment ne pas être pétrifié devant la disparition de ses proches comme à l’évocation de son propre anéantissement ? Cet abîme de la pensée ne peut-il être quelque peu éclairé ? Et, de gouffre à caverne, se constituer réceptacle des aspirations humaines, comme notre cher crâne aura été, un temps, le creuset d’un esprit. Tous deux s’en retourneront aux paysages et aux étoiles…

Jérémy Chabaud, 2010.

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