7.1.10

Jeremy Chabaud : Vanités



Jeremy Chabaud exposera à la galerie à partir du 19 janvier, voici quelques images des oeuvres exposées et un texte très éclairant du Psychanalyste Vincent Estellon:

Vanités

Réveil des organes, réveil des morts, retour de la mort dans l’actualité urgente de l’orgasme. La mort ici n’est plus appréhendée comme fin de la vie mais comme mort qui donne la vie.Umbra en latin, c’est à la fois l’ombre et le reflet. Jérémy Chabaud nous donne ici à visiter ombres et reflets de corps qui désespèrent de l’autre. Ombres et reflets des morts dans la vanité des corps.

La mort comme la jouissance défonctionnalise le corps. Le corps qui jouit est un corps qui ne sait plus. Un corps innommable, hors de tout programme sécuritaire. C’est un corps en danger, rendu complètement étranger par l’envahissement du plaisir. Quelque chose s’ouvre, se tend, palpite, bée. Jérémy Chabaud nous ouvre à une anatomie fantastique, anatomie du rêve ouverte sur l’informe, non peureuse de la mort. Immensité de l’espoir, sexe dressé, du poumon au champignon moisi donnant l’intuition d’une origine végétale du génital. Matières du corps, fluides, forces, humeurs… Ces corps qui ont passionnément désiré reviendront au sol. Ces crânes, ils sont avant et après nous. Ils sont là aussi pendant le plaisir. Si l’homme est seul face à la mort comme face à la jouissance, de ces plaisirs, que restera-t-il ?
Ici, plus de narration. L’extase ne la permet pas. Seules des traces de souvenirs, sensations de ces folles ouvertures subsistent. Progressivement, à la faveur de la succession des dessins, Jérémy Chabaud nous amène vers l’érotisme : celui qui permet de flirter avec la mort, la transgression, la peur, de provoquer ces délices du tremblement, du déséquilibre, de l’essoufflement, de la découverte d’un être en soi radicalement étranger. Devant le désir comme devant la mort, le corps devient chose étrangère. Et parfois, au hasard d’une forme, par delà un paysage cosmogonique, semblent se dessiner les yeux du sexe, orifices de la mort, gouffres du désir.

Vincent Estellon


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